Originalement publié sur LSA (par Morgan Leclerc) – Aldi a testé puis massivement déployé le drive au deuxième semestre 2020 au Royaume-Uni. L’entreprise canadienne mdf commerce, qui a installé toute l’infrastructure logicielle, revient sur ce dossier, en pointant les enjeux, les bonnes pratiques et les méthodes mises en place.
En pleine pandémie de Covid-19, la filiale britannique d’Aldi est arrivée sur un terrain ou on ne l’attendait pas : celui du drive et de l’e-commerce alimentaire. Début septembre, un premier test de drive était réservé aux salariés d’un magasin Aldi des Midlands. En octobre, le nombre de pilotes montait à 18 magasins. Et à la fin de l’année 2020, ce sont environ 200 magasins sur les 900 de l’enseigne au Royaume-Uni qui proposaient ce service à leurs clients. Ce déploiement express repose sur la solution e-commerce du canadien mdf commerce, présent lors de la NRF 2021, et qui a partagé avec LSA quelques-uns des éléments de ce dossier. « Le désir d’Aldi d’offrir un service de drive et de collecte des courses sans contact a été accéléré par la première et deuxième vague du covid-19 » explique Vincent Trépanier, vice-président stratégie et partenariat, e-commerce chez ce prestataire qui possède déjà une dizaine d’années d’expérience dans ce domaine (il travaille notamment avec le distributeur IGA /Sobeys).
Lors de la mise en place d’un service d’épicerie en ligne, pour un drive ou la livraison à domicile, « les plus gros chantiers sont à trois niveaux : premièrement, il faut une solution technologique adaptée, notamment en termes d’expérience client. Ensuite, il faut assurer l’intégration des données. Avons-nous les bonnes données, sont-elles « propres » ? Enfin, le dernier volet porte sur la profitabilité, avec la préparation des commandes. Cela demande de l’équipement et des employés formés pour ces tâches » résume Vincent Trépanier. La solution choisie par Aldi regroupe l’expérience client, la plateforme transactionnelle et la solution d’exécution des commandes, le tout dans le cloud, ce qui permet d’encaisser plus facilement la charge lors d’une explosion du volume de commandes. L’assortiment court d’Aldi (moins de 2000 références sur l’alimentaire) a permis une construction rapide du catalogue.
Des paniers de 40 à 60 articles
Dans chaque panier commandé en ligne (à venir chercher sur le parking des magasins concernés), les commandes portent sur 40 à 60 produits, ce qui a nécessité d’offrir des pages de présentation dépouillées et efficaces, la demande de renseignements sur les produits étant généralement moins poussée que dans d’autres domaines comme le textile. Place donc à la fluidité. L’ensemble de l’offre alimentaire d’Aldi UK est disponible, en sec, frais ou surgelés, avec l’incorporation des différents planogrammes pour prendre en compte les changements d’assortiments. En termes opérationnels, les employés d’Aldi bénéficient d’une application qui permet d’assembler les commandes (une ou plusieurs peuvent être préparées en même temps), avec un chemin pour prioriser les commandes, ces dernières étant préparées dans les points de vente, en picking. Le stock du magasin étant donc le stock de préparation, ce qui peut occasionner des surprises entre le moment de la commande et celle de sa préparation réelle. Ce service nécessite aussi une petite zone de stockage – et d’assemblage- des commandes avant remise au client.
Ce drive (« grocery click & collect » en anglais) proposé depuis peu par Aldi est facturé au client, qui paye en quelque sorte le temps de mobilisation des salariés pour préparer la commande. Le montant est fixe, à 4,99 £, quel que soit le montant de ladite commande, qui pourra être retirée dans un créneau d’une heure. En cas d’article manquant, si une substitution est possible, le prix retenu sera celui de l’article le moins cher des deux. « Il est important d’avoir un retour de la clientèle, avec un suivi de l’expérience en ligne et de la récupération de commande » indique par ailleurs Vincent Trépanier. Des sondages sur l’expérience client sont ainsi menés, tout comme auprès du personnel pour le volet productivité en magasin et préparation de commande (utilisation de la technologie, processus d’affaire, efficacité, etc.).
Ni mdf commerce -et encore moins Aldi- n’ont indiqué des données chiffrées sur le potentiel d’expansion de ces drives, mais le modèle ne va pas manquer d’être observé. Car les discounters comme Aldi et son concurrent Lidl n’ont pas encore accéléré franchement sur le digital, ni sur l’ecommerce alimentaire. D’où un intérêt accru, dans un pays ou Aldi prend un poids de plus en plus important. Actuellement, l’enseigne d’origine allemande a une part de marché de 7,4%, en augmentation régulière au Royaume-Uni, ce qui la place en cinquième position du marché britannique, derrière un « big four » (Tesco, Asda, Sainsbury’s et Morrisons) qui ne cesse de voir les plus petits se rapprocher. Aux Etats-Unis, Aldi propose aussi de la livraison et du drive, via une association avec Instacart.